Quand on entend quelqu’un dire qu’un voyage a changé sa vie, cela peut sonner très cliché. Pourtant, Mélissa reconnaît bien volontiers que c’est ce qu’il lui est arrivé en découvrant Bali seule il y a 6 ans. Après une première aventure en 2016 suivie de 4 allers-retours en trois ans, Mélissa vit toujours une belle histoire d’amour avec l’île des Dieux, et plus généralement avec l’Indonésie. Un mariage pour le meilleur mais pas que… ! Aujourd’hui, Mélissa répond à mes questions dans l’interview « I went to Bali too ! ».
Toutes les photos ci-dessous sont de Mélissa - © Mélissa Becquet
Comment as-tu découvert Bali ?
Tout part d’une vieille promesse que je m’étais faite il y a quelques années : à l’âge de 20 ans, je réaliserai mon premier voyage en solo. Mais j’aurais dû savoir que faire des plans sur la comète c’était tout bonnement se mettre le doigt dans l’œil ! J’ai commencé à travailler pour finalement repousser puis re-repousser un départ pour une destination inconnue. Petit à petit, les 20 ans se sont transformés en 25.
Pendant une matinée de travail devant mon écran d’ordi, j’ai eu le déclic. Hors de question de m’asseoir une année de plus sur cette promesse. J’entreprends alors une recherche express à base de « destinations voyageuse solo » et de « voyager seule top destinations » dans Google. Bali apparaît comme étant LA destination pour les aventurières. Eh bien, voilà ! Quelques jours plus tard, je prends mon billet pour cette île que j’arrivais à peine à situer sur une mappemonde.
J’étais bien loin de m’imaginer ce que ces trois semaines de voyage allaient me réserver et que j’y retournais même très rapidement…
Quel a été ton itinéraire lors de ce premier voyage ?
Pour cette première fois seule, je m’étais créé un itinéraire basé sur les endroits que je voulais absolument découvrir : Ubud, Pemuteran, Munduk, Amed, Uluwatu, Sanur, en me laissant une petite marge d’improvisation (mais pas trop, j’avoue). Trois semaines, ça passe vite !
Pour toutes les fois suivantes, c’était différent puisque j’y restais trois mois. J’avais toujours une liste, mais maintenant, elle regroupait davantage d’expériences et de défis personnels comme :
- acheter du tissu pour me faire faire une kebaya (blouse traditionnelle) chez Yan Pur Kebaya, la meilleure (Br. Tegalbingin, Mas, Ubud);
- suivre un cours de danse lelong ;
- trouver un balian ;
- goûter au durian ;
- me perdre en scooter ;
- plonger pour la première fois ;
- parler indonésien ;
- me réveiller avant le soleil pour contempler son lever depuis la plage ;
- boire du jamu (boisson médicinale à base de curcuma) ;
- etc.
Mes rencontres et mes amitiés m’ont ensuite apporté leur lot d’invitations surprises : crémation, pêche sur un prahu (bateau traditionnel), cérémonie des 3 mois du bébé, mariages, bœuf musical, naissance de tortues, repas partagés, balades improvisées…
Quelle que soit votre façon de traverser l’île, je vous conseille fortement de jeter un coup d’œil sur le tableau pour évaluer votre temps de trajet entre deux villages.
Comment te déplaçais-tu à Bali ?
Je crois que j’ai un peu tout testé : le taxi, le minibus, le scooter, le Gojek (un scooter taxi) et le vélo. Mes pieds m’ont pas mal servi aussi. Mais je ne vous cache pas que mon moyen de transport préféré pour explorer les environs, c’est le scoot’ : peu cher et liberté absolue à la clé. Pour éviter les mésaventures, n’oubliez pas le permis qui va avec et le casque dong! (bien sûr !).
Peux-tu nous citer un lieu qui t’a marquée particulièrement ?
Entre la nature spectaculaire de Sidemen, la très surprenante province oubliée de Jembrana, la bibliothèque engagée d’Ubud, l’immersion dans la vie locale du tout petit village de Tejakula, les levers de soleil magiques sur la plage volcanique de Pemuteran, le rendez-vous quotidien des hérons à Petulu, et j’en passe… Le choix est vraiment, vraiment rude !
Chaque région a ses charmes, ses trésors. Mais si je dois vous citer un seul endroit incontournable, c’est le marché. Son effervescence, ses couleurs, ses odeurs, l’art de la négociation… C’est un merveilleux lieu de découvertes, de rencontres et d’échanges.
As-tu un hôtel à nous recommander ?
Je ne suis pas vraiment férue d’hôtels. Je préfère l’intimité des petites guesthouses. Et celle que je vais vous conseiller est sans doute la plus symbolique pour moi puisqu’il s’agit de ma toute première chambre à Bali. Vous la trouverez à la Ubud Ku Guest House, qui, comme son nom l’indique, est à Ubud, dans le centre sud de l’île.
C’est exactement comme vous l’imaginez : des frangipaniers dans la cour où se dresse le temple familial mais aussi des oiseaux curieux qui viendront vous dire bonjour et les coqs qui vous feront ouvrir les yeux devant les premiers rayons du soleil qui tapent dans la fenêtre.
Après presque 30 h de voyage dans la tête (avec China Southern) et une valise bleue de 1m10 perdue, au petit matin, j’avais l’impression d’être une princesse de Bali. Certes sans vêtements de rechange, mais une princesse quand même. Et je ne vous parle même pas du petit-déjeuner… Il est fabuleux. J’y mange des salades de fruits de compétition et mes meilleurs pancakes à la banane. Dieu sait qu’ils sont à la carte de 99,9 % des chambres d’hôtes à Bali !
Pour moi, ce sont les rencontres qui font un voyage. Vous pourrez croiser la douce Ibu Wayan dans la cour. C’est la première personne avec qui j’ai partagé un moment de vie en recevant mon premier cours improvisé de petits oiseaux en feuille de palmier. Vous pourrez aussi vous faire inviter dans la cuisine familiale pour apprendre à cuisiner local. Parfois, ce sont Pak Ketut et Ibu Novika (vos supers hôtes) que vous apercevrez en train de jouer au badminton (une religion en Indonésie !).
Quels sont tes conseils pour bien voyager à Bali ?
1 – N’y allez pas pour quinze jours
Si vous le pouvez, restez sur l’île des Dieux le plus longtemps possible. C’est non seulement plus sympa pour la planète, mais cela vous permettra de multiplier les occasions d’échanges avec les Balinais.
Ralentissez donc le pas et découvrez plus en profondeur les traditions, la nature, les saveurs, la musique et surtout, partez réellement à la rencontre des habitants. Ils ont beaucoup à vous apprendre : à la fois sur la complexité de leur culture, mais aussi sur sa richesse.
2 – Soyez respectueux et responsable
Cela passe autant par votre façon de vous habiller que par l’usage de la main droite pour manger ou le retrait des chaussures pour entrer quelque part. Avant d’arriver, mettez-vous donc au courant des us et coutumes de Bali pour vous détacher de l’étiquette du bule.
Être responsable, c’est aussi venir avec ses sacs en tissu au marché ou remplir sa bouteille d’eau réutilisable dans l’un des points RefillMyBottle de l’île, par exemple. Bien que le gouvernement indonésien ait enfin entrepris d’éliminer l’usage du plastique, des années d’utilisation ne s’effacent pas du jour au lendemain. Ce sont encore des tonnes de déchets plastiques qui sont ramassées aujourd’hui.
Pour une pré-immersion drôle et (très) second degré, dans la culture indonésienne, je vous conseille vivement de regarder les parodies de Sacha Stevenson (en anglais). Cette Canadienne a vécu pendant 20 ans en Indonésie.
3 – Ne vous agrippez pas à votre bucket list
Quand on part en vacances, on a tendance à organiser voire sur-organiser son itinéraire. La faute à qui ? Au temps. L’exploration se transforme alors en une course contre la montre et ce n’est pas franchement très agréable. Donc si j’ai bien un conseil à vous donner pour votre premier voyage seul.e et qui est certainement un des plus importants : c’est de vous laisser guider par vos envies du moment et votre intuition.
Certes, elles ne vous mèneront pas toujours là où vous vouliez aller, mais elles auront le mérite de vous ouvrir les portes sur des aventures humaines. De mon humble expérience, ce n’est pas tant le nombre d’activités à faire qui compte, mais la qualité du périple.
Et puis après tout, si vous n’avez finalement pas coché toutes les cases de votre to-do list, ce sera une bonne excuse pour revenir à Bali.
4 – Apprenez les bases de l’indonésien
Toujours dans l’objectif de vous ouvrir aux autres, aligner quelques mots dans la langue du pays est vivement recommandé. Surtout si vous souhaitez vous rendre dans des endroits moins fréquentés par les touristes.
Alors oui, vous pourriez faire rire, mais surtout, vos efforts seront très bien accueillis : « Wow, sudah pintar! Kamu bisa bicara dalam Bahasa Indonesia! » (« Qu’est-ce que tu es intelligent(e) ! Tu peux parler indonésien ! »).
Pour vous aider, achetez un bouquin qui regroupe des phrases et expressions les plus courantes en voyage. Celui-ci qui m’a beaucoup servi et il est encore plus petit qu’un livre de poche).
5 – Explorez au-delà d’Ubud et du sud de l’île
Je n’affectionne pas particulièrement le sud de l’île. Même s’il abrite de fabuleux joyaux comme le temple Tanah Lot à Tabanan et Luhur à Uluwatu, je n’y passe pas plus d’une journée ou deux (à l’arrivée et au départ).
Quant à Ubud, la capitale culturelle de l’île des Dieux, c’est un endroit qui possède un riche héritage artistique où j’aime rester un peu plus longtemps. Ici, les spectacles foisonnent : danse lelong, wayang kulit (théâtre d’ombres), kecak (danse qui raconte l’histoire de Ramayana), gamelan (ensemble instrumental traditionnel) et côtoient les classes de danse traditionnelle ou encore, les initiations à la suling (flûte traditionnelle en bambou).
À Ubud, tout est là pour satisfaire les visiteurs en recherche permanente d’activités : du cours de cuisine et de yoga à la balade botanique.
Mais le risque de passer tout votre séjour dans ces deux zones de l’île, c’est de rater de fabuleux petits villages, moins touristiques, voire pas du tout touristiques (quelques inspirations dans ma réponse donnée pour le lieu qui m’a le plus marqué). En bref : osez sortir des sentiers battus !
Le jour où tu retourneras à Bali, qu’aimerais-tu voir ?
Je dirais « qui » plutôt que « quoi ». Mes premières pensées vont vers mes si belles amitiés. Et puis, plus généralement, j’aimerais simplement continuer à me perdre dans des endroits reculés, où ma seule boussole est l’humain.
Je reconnais aussi que depuis que j’ai mis le nez dans la langue et la culture indonésienne, il me tarde d’explorer d’autres îles, à commencer par Sulawesi et Sumba. Bali sera toujours mon port d’attache.
Un dernier mot ?
Même si l’exploration nourrit, n’oubliez pas de manger (dans les warungs) ! Ce serait dommage de quitter Bali sans avoir découvert le gado-gado (légumes croquants nappés de sauce aux cacahuètes), le tempeh frit (bloc de graines de soja fermentées), les sate lilit ikan (brochettes de chair de poisson mélangée à de la noix de coco râpée), l’es buah (un dessert cocktail de fruits glacés) ou encore les klepon (délicieuses petites boules à base de farine de riz gluant, remplies de sucre de palme liquide) et autres spécialités sucrées à base de fromage râpé et de chocolat.
Un cœur ouvert aux rencontres : c’est pour moi, le secret d’un voyage en solo enrichissant… Selamat jalan! (Bon voyage !)
Merci Mélissa pour cette super interview pleine de ressources et conseils utiles aux voyageurs, j’espère que tu reviendras vite nous raconter tes aventures indonésiennes et nous partager tes découvertes ! Si vous avez des questions ou besoin ou encore envie de précisions sur son récit, n’hésitez pas à la contacter juste ici ou aller visiter son site www.jiwa-raga.com 🙂
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