Diplômée en gestion de projets culturels, Alexia est depuis toujours fascinée par les mystères de ce monde et de ces peuples lointains… Après avoir étudié la représentation de l’art aborigène australien dans les musées français, elle s’envole en 2015 pour l’aventure d’une vie : une immersion dans l’outback australien, un road trip de 3 000 km en scooter au travers des rizières et des montagnes vietnamiennes, l’apprentissage de la médecine traditionnelle indienne, l’enseignement de l’anglais dans une école au Cambodge, la vie dans un ashram en Inde… Puis en 2018, elle s’installe définitivement à Bali. Face aux enjeux écologiques et sociaux que doit affronter la petite île, elle s’engage pour la défense de l’environnement, la mise en place d’un tourisme responsable et la préservation de la culture balinaise.
Auteur du guide culture Quelque Chose de Bali (lire l’article Balisolo), Alexia a gentiment accepté de répondre à une petite interview. Un grand merci à elle !
Pourquoi Bali?
En janvier 2018, mon compagnon et moi avons décidé de prendre un aller simple pour Bali après un long et éprouvant voyage en Inde. J’avais besoin de paix, de sourires et de stabilité émotionnelle, et je savais que Bali allait m’apporter tout cela. Toutefois, je n’avais aucune idée que j’allais y rester si longtemps !
Comment as-tu découvert Bali?
C’est drôle, je crois qu’une des premières fois dont j’ai entendu parler de Bali c’était dans le film “Toute la beauté du monde” de Marc Esposito avec Marc Lavoine. Je me souviens des images de la jungle, l’immensité des rizières… et du haut de mes 14 ans, je me disais “wow, cela doit être incroyable de vivre là-bas, quelle aventure !”. Ensuite, tandis que j’étais au pair en Australie, ma famille d’accueil a eu la gentillesse de m’emmener à Bali… c’était ma toute première fois en Asie. De cette visite, je me souviens de la beauté et du calme, des fleurs, des offrandes, de l’odeur de l’encens, des sourires…
Quels endroits as-tu découvert à Bali ?
En vivant ici, j’ai eu la chance d’explorer régulièrement les environs. En partant de Canggu où je suis installée, je suis souvent allée autour de Tanah Lot, Uluwatu, Ubud, Denpasar, Seminyak, Sanur… Ce sont les coins les plus touristiques de Bali. Ensuite, j’ai aussi passé du temps à Amed, Lovina, Sidemen, Nusa Lembongan, Padang Bai, Batukaru, Medewi, Pemuteran, Munduk… Mais la liste des endroits à visiter est encore bien longue !
Quels types de transports utilises-tu à Bali ?
Un peu de tout. Lors de ma première visite avec ma famille d’accueil, je me déplaçais partout en taxi. En groupe, c’est bien plus simple ainsi. Lorsque j’y suis retourné pour y vivre, j’ai loué un scooter pour un an, ce qui est le meilleur moyen de se déplacer. J’ai aussi souvent utilisé l’application assez controversée go-jek (l’équivalent indonésien de Uber) et ses taxis scooter !
Quel lieu as-tu préféré lors de ton passage à Bali ?
C’est une question difficile car chaque village et chaque région ont une atmosphère bien spécifique ! Je dirais Batukaru ou Sidemen.
Après avoir vécu autour de Canggu pendant des mois, j’ai adoré séjourner dans cette cabane très basique qui donnait sur l’immensité de la jungle balinaise. Au fond, l’expérience de chaque lieu est fortement influencée par l’endroit où on séjourne. Batukaru n’était qu’un simple village, mais j’ai pu manger la plus délicieuse des nourritures typiquement balinaise, me balader dans la jungle, contempler et écouter les sons de la nature au coucher comme au réveil… Les choses les plus simples sont souvent les meilleures !
Quelles sont tes plages favorites à Bali ?
Les plus belles plages sont celles d’Uluwatu ! Il y a pas mal de courant et de grosses vagues, donc ce n’est pas idéal pour se baigner, mais quand j’ai envie de faire trempette je vais à Padang Padang beach. Balangan et Bingin (Uluwatu) sont aussi parmi mes préférées, avec les plages d’Amed qui sont elles bien moins fréquentées.
Et les rizières que tu aimes… ?
Les seules rizières touristiques que j’ai été voir sont celles de Tegalalang. Toutefois, j’ai constaté par la force des choses que les rizières (ou autres sites) à visiter perdent vraiment leur charme au contact du tourisme de masse. Toutes les rizières à Bali sont magnifiques, il suffit de s’éloigner des coins urbanisés pour en voir. Et c’est encore plus gratifiant de se perdre dans celles qui n’ont aucun visiteur…
Que penses-tu de la population balinaise ?
En général, les Balinais sont des gens très agréables, avec qui il est facile de communiquer, très souriants, avenants, ouverts, simples, humbles… Ils sont très fiers de leur île et sont toujours contents de vous faire découvrir leur culture ! Je les admire beaucoup pour leur dévotion religieuse et leur générosité.
Je me suis toujours sentie en sécurité, bien que ces dernières années les coins comme Canggu témoignent de l’augmentation des vols notamment. Ici, rares sont ceux qui provoquent les conflits. Il faut vraiment chercher les ennuis pour se mettre à dos un Balinais ! Mais je pense qu’il ne faut pas non plus idéaliser Bali, tout comme sa population, et les Balinais ont eux aussi leur part d’ombre et de défis quotidiens. Il m’est souvent arrivé de témoigner de l’agressivité de certains locaux, particulièrement dans les sites les plus touristiques. Je pense qu’au contact des étrangers et du tourisme, les gens changent. Les cascades et les temples célèbres sont par excellence des endroits que j’essaye d’éviter car il est facile d’être dégoûté par la volonté de certains de soutirer le plus d’argent possible aux touristes, n’hésitant pas à être agressifs et à mentir. Heureusement, c’est loin d’être la majorité des Balinais !
As-tu fait des rencontres qui t’ont marquées ?
Oui ! Ce sont les moments où l’on se sent connecté à l’autre par un sourire, un regard ou quelques mots, généralement lorsque la conversation devient plus intime, qu’on en apprend plus sur ce que les Balinais pensent sur tel sujet, qu’ils parlent de leur vie, de ce qu’ils aiment ou des défis qu’ils rencontrent dans la vie de tous les jours.
Récemment, un certain Putu m’a raconté comment, en partant de rien, il a réussi à construire seul un magnifique cottage en bambou qui aujourd’hui fait vivre toute la famille en le louant aux touristes. Nyoman, lui aussi, est parti de rien lorsqu’il a tout investi dans l’ouverture de son warung (restaurant qui sert de la nourriture locale) bio à Ubud… Une autre Putu m’a expliqué qu’elle voulait abandonner la religion qu’elle a hérité de sa famille (l’hindouisme) pour se convertir au christianisme, à cause du poids des traditions et des contraintes financières (les cérémonies coûtent très chères !) inhérents à la religion hindoue balinaise.
Ce sont souvent des histoires qui me remplissent d’admiration. J’ai rencontré beaucoup de gens courageux qui m’inspirent et me font réfléchir sur ma propre vie. Il y a aussi les histoires moins joyeuses, qui me rappellent qu’il faut être reconnaissant chaque jour de ce qu’on a et rester ouverts à ceux qui ont besoin d’aide.
Tu es sur le point de quitter Bali, quel est ton meilleur souvenir ici ?
Les détails de la vie quotidienne. Aller au marché acheter mes légumes et mes fruits exotiques de la semaine, aller à la plage, rencontrer des amis, contempler la nature verdoyante, entendre au loin la musique d’un orchestre traditionnel (gamelan), la vue d’une cérémonie religieuse qui se prépare… Le sentiment de vivre dans un pays où la culture est très différente de la sienne, mais se sentir quand même à la maison. Et me déplacer à scooter tous les jours, quel régal !
Recommandes-tu des activités aux autres voyageurs ?
La culture balinaise est riche et les opportunités de soutenir les artisans ne manquent pas. Vous pouvez apprendre à danser comme les Balinais, jouer d’un instrument traditionnel, sculpter des masques en bois, faire des bijoux en argent, confectionner des offrandes, etc.
Je pense aussi que Bali est l’endroit rêvé pour les expériences liées à la spiritualité, au bien-être et pour s’initier aux médecines alternatives. On peut tout trouver à Ubud !
Pour finir, je conseille vraiment de s’éloigner des coins touristiques et de s’immerger dans la nature qui est très spéciale à Bali.
En vivant à Bali, quel était votre budget mensuel toi et ton compagnon ?
En vivant à Canggu, nous dépensions généralement autour de 700/800 euros par mois tout compris, pour deux personnes.
Un super hôtel à recommander ?
Batukaru Farmstay ! Simon loue des cabanes dans la jungle. Une expérience à vivre !
Quels sont tes conseils généraux pour bien voyager à Bali ?
Comme pour tout voyage, je conseillerais de :
- Rester local : essayer d’en apprendre le plus possible sur la culture, vivre dans un kampung avec des Balinais et manger local
- Être conscient de notre impact sur la culture et l’environnement (limiter son usage de plastique !)
- Faire des recherches sur ce que notre argent finance (les activités avec les animaux ne sont généralement pas éthiques du tout !)
- Essayer de comprendre avant de juger les us et coutumes
- Être ouvert, discret, poli et respectueux.
Si tu reviens à Bali un jour, qu’aimerais-tu découvrir ?
Il reste encore tant de choses à voir c’est incroyable ! Plus on creuse, et plus il y a de choses à faire et à découvrir.
Mon top 3 :
- Ascension du Mont Agung ou du Mont Batur
- L’île de Nusa Penida
- L’île de Menjangan
Bonus, tu peux dire ce que tu veux 🙂
N’écoutez pas ceux qui disent que Bali est trop touristique, il suffit de s’éloigner des coins touristiques pour faire l’expérience d’un Bali qui reste authentique encore aujourd’hui !
Merci Alexia et belle continuation à travers le monde !
Infos pratiques
- Pour découvrir le guide culturel Quelque Chose de Bali, rendez-vous sur le site des éditions de Nanika ici
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