La folie de Kuta, j’en ai eu ma dose cette dernière semaine ! Cette journée dans la régence reculée de l’ouest de Bali fut donc la bienvenue. Il s’agissait d’une première pour moi à Tabanan. Levée à 7h30 (pas vraiment des vacances !), le chauffeur et deux accompagnatrices sont venues me chercher au Warung Coco aux alentours de 8h30. Nous avons ensuite pris la route (un peu plus d’une heure) pour le village de Tabanan. Nyoman, un Balinais charmant de 70 printemps, nous y attendait sur la place du marché, derrière ses lunettes et son sourire éclatant. Cette immersion dans les Tabanan traditions balinaises promettait d’être riche en découvertes.
Exploration du marché local de Tabanan
Après les présentations, nous avons déambulé dans les allées du marché local. Il était presque vide à cette heure-ci, car les Balinais sont matinaux et le marché ouvre aux alentours de 4h ou 5h du matin. Nous étions à la recherche des ingrédients que nous cuisinerions plus tard, comme je l’ai appris. Nous nous sommes arrêtés sur les stands d’offrandes, de sucreries et de gâteaux de riz. Nyoman a fait un stop chez la maraîchère, et j’ai découvert le galanga (une racine aromatique proche du gingembre), un légume en forme de tulipe aux pétales roses dont la texture rappelle celle de l’artichaut. Nous en avons acheté quatre ou cinq avant de continuer notre chemin.
Rencontre à l’école élémentaire de Tunjuk
De retour au van, nous avons rejoint l’habitation de la famille chez qui nous allions passer la journée. Mais avant cela, notre guide nous a invités à l’école élémentaire de Tunjuk. Nous y étions attendues. L’établissement, en forme de U, accueille en réalité trois écoles. Chacune dispense des cours aux enfants de 6 à 13 ans. J’ai appris que les enfants vont à l’école six jours sur sept, de 7h30 à midi. On leur enseigne à la fois le programme scolaire national (maths, Bahasa Indonesia – la langue nationale, géographie, anglais, économie, etc.) et un programme local ou balinais. Ils y apprennent par exemple la danse balinaise, la sculpture sur bois ou encore la religion hindoue.
Dans la classe, quelques enfants sont venus au tableau et y ont inscrit leur nom en anglais. J’ai fait de même, écrivant spontanément mon nom en indonésien : « Nama saya Jenni ». Tout le monde était ravi. Nous avons ensuite eu droit à la version indonésienne de Frère Jacques. Malheureusement, nous n’avons pas été dispensées à notre tour de chanter la version française, ce qui a fini en éclat de rire !
Préparation des offrandes balinaises
La famille de Nyoman nous a accueillis à Legung Luwih avec une boisson spéciale, un genre de thé un peu acide. Leur maison comprenait un temple familial, une grande cour, une cuisine traditionnelle extérieure et deux ou trois petites maisons en dur. L’endroit est charmant, perdu au milieu des rizières, sans aucun bâtiment à l’horizon. Il ne faisait pas trop chaud, l’air sentait bon la nature, et nous nous y sentions bien. La nièce de Nyoman nous a invités à la rejoindre sur l’une des terrasses pour nous expliquer et préparer les offrandes, appelées canang sari (petits paniers tressés de feuilles de palmier contenant des fleurs, de l’encens et de la nourriture, déposés quotidiennement). Nous avons alors appris la signification des couleurs des offrandes : le rouge/rose est pour Brahma et symbolise aussi le Sud, le vert est pour Vishnou et symbolise le Nord, le blanc est pour Shiva à l’Est, quant au jaune, pour l’Ouest, il représente la création, Maha Dewa.
Initiation à la cuisine balinaise
L’odeur de l’ail grillé a éveillé nos papilles, c’était l’heure de cuisiner ! Le galanga a été découpé en tranches, les échalotes aussi. On les a ensuite jetées dans l’huile de coco (ou de palme ?) chaude. Je salivais avec ces odeurs. C’était la première fois que je voyais cuisiner de vrais habitants et, ô bonheur, ils n’ont mis aucun piment dans le plat ! Nous avons ensuite préparé de minuscules courgettes. Nous les avons goûtées, c’était un délice, mais je devrais attendre le déjeuner pour en avoir plus.
Au sol se trouvaient deux corbeilles de graines de café. Les premières étaient simplement séchées, les autres déjà grillées. La femme de Nyoman, je suppose, a fait revenir les graines sur le feu. Elle les a ensuite disposées dans un seau en pierre pour les écraser avec un gros bâton en bois très épais. Elle nous a invités à le filtrer avec une passoire ultra-fine : voilà, nous avions du Bali Kopi (un café traditionnel fort et moulu très finement) !
Ensuite, ce fut l’heure du déjeuner, le meilleur de ma vie à Bali !
Découverte de la fabrication d’huile de coco
Une petite marche digestive nous a menés jusque chez les voisins où nous allions découvrir la fabrication de l’huile de coco. Sur la route, j’ai découvert les arbres du cacao et du durian. Dans la cour, une dame d’une quarantaine d’années était en train de râper une noix de coco. Sans perdre une minute, elle m’a tendu ses outils, et je me suis mise à râper. Elle a ensuite ajouté un grand bol d’eau, et j’ai essoré la noix de coco, une sensation très agréable. Nous avons rejoint sa cuisine où une immense marmite de noix de coco frémissait. Un dépôt s’était déjà formé sur le dessus : c’était l’huile de coco, la plus pure que l’on puisse trouver ici. J’ai demandé à en emporter une avec moi. Elle m’a été offerte gratuitement dans une simple bouteille d’eau en plastique. Nous n’avons presque pas échangé un mot, et pourtant, nous avons appris plein de choses !
Visite du temple purificateur et rencontres
Nyoman, notre guide balinais, nous a invités à rejoindre le temple purificateur dans la forêt voisine. En chemin, nous avons rencontré la plus belle mamie de Bali, dont la famille collectionne les bonsaïs. Elle a ri, et une photo s’est imposée. Je me suis retenue de la serrer dans mes bras et de l’embrasser chaleureusement par pudeur, mais l’envie ne manquait pas !
La petite forêt de Legung Luwih est sauvage, avec ses bambous, ses arbres immenses et ses herbes folles. Tout est vert et puissant. Il y a certainement des fleurs médicinales rares ici ; j’ai même découvert un ananas abortif ! Après sept ou huit minutes de marche, une pluie torrentielle s’est abattue sur nous. Un gazebo (petit pavillon de jardin ouvert) n’était pas loin, nous nous y sommes abritées et avons attendu que la pluie passe. Un peu plus loin, la femme qui nous avait appris les offrandes nous attendait. Elle préparait le sucre de palme pendant que la grand-mère surveillait le feu. J’ai goûté cette pâte brune et luisante. C’était bon et moins sucré que notre sucre à nous. Essayez donc ! Sur le chemin du retour à la maison, nous avons emprunté un peu les rizières. On peut y marcher pieds nus ; l’herbe est douce et aucune bestiole ne m’a piquée. Amen.
Labourage traditionnel avec un tengala
La dernière activité de la journée consistait à monter sur un tengala (un outil de labourage traditionnel tiré par un animal) pendant que la vache tirait pour labourer la terre boueuse après la récolte et avant la prochaine semence. Je n’y ai pas participé, mais c’était impressionnant à regarder. La vache avait une énergie démente ; elle avançait, avançait, sans fatiguer un brin, tirant son engin de bois. Quelle énergie !
Un au revoir chaleureux et des souvenirs précieux
C’était l’heure de se quitter. Je regardais Nyoman avec des yeux d’amour ; il est un bonheur à regarder, à écouter, à s’amuser de tout et de rien. Nous avons fait une « photo de famille » et sommes reparties, des souvenirs plein la tête, dans le trafic du sud… Un grand merci à cette famille si chaleureuse et accueillante.
Sur le chemin du retour, je me suis dit que j’aurais dû découvrir ce mode de vie traditionnel dès mon arrivée à Bali. Les offrandes, la cuisine, la fabrication des huiles de palme et de coco, la culture dans les rizières, ce mode de vie authentique… en une journée, j’aurais pu acquérir les bases de ma culture balinaise ! C’était vraiment très chouette, et je vous recommande chaudement Tabanan, village et région dans son entier, pour une immersion dans les Tabanan traditions balinaises.
Cette journée, je l’ai passée avec Shanti Travel, une agence locale installée en Asie et particulièrement en Inde depuis plusieurs années, mais aussi à Bali depuis un an et demi. L’équipe de 25 personnes se compose de Français et de Balinais, du Travel Designer au chargé de clientèle, en passant par les guides et chauffeurs locaux. Ils sont jeunes et sympathiques, et j’ai vraiment eu l’impression qu’ils contrôlaient avec soin l’authenticité et la qualité de leurs prestations. Si vous souhaitez passer une journée avec eux à Tabanan ou ailleurs, je vous invite à prendre contact avec Marie à marie@shantitravel.com, ou bien directement sur leur site web, juste ici.
Sampai jumpa !
J’ai été enchanté de lire ces beaux reportage.
J’y serais pour les fêtes de fin d’année. Je ne manquerais pas de faire signe
A+
Moi qui est vécu trois ans a BALI , de 2011 a début 2014, je dois dire que j’apprécie particulièrement Le charme de TABANAN, ville vraiment différente des autres et surtout les alentours sont sublimes. Merci Jenni de me replonger avec nostalgie dans le Bali de toujours.
Très bel article ça me rappelle tant de bons souvenirs de mon voyage en Indonésie …
Ecoute je te propose jeudi soir pour les 10 ans du Mixwell 😉
Cet article est vraiment très chouette et vivant ! Une journée pour découvrir et partager certaines activités traditionnelles avec des Balinais, c’est génial. Je conserve précieusement les coordonnées de cet organisme. Merci Jenni !
Arno Luc haha donne moi l’adresse je relève le défi!!! 😀 😀
Génial. .. jenni à quand une soirée dans les bars gays de bali ??? 😉 shows transformiste et gogo dancers 😉
Je reviens tout juste de bali quel beau peuple et c’est vrai que l’on peut se soustraire du touriste de masse. J’avais un merveilleux guide qui nous a fait découvrir le vrai bali. merci de se beau reportage
Merci à toi Lynda 🙂
J’aime ton article, comme tous les autres d’ailleurs. Ça rappelle de si beaux souvenirs d’hospitalité, d’échange et de gentillesse. J’adore Bali car on peut facilement se soustraire au tourisme de masse . J’ai retrouvé ces qualités sur Sulawesi sans la luxuriance végétale de Bali et sans aussi les rites hindous qui apportent un charme particulier à Bali