Sans aucun doute, en voyage à Bali, vous croiserez des centaines de petits paniers de feuilles de palmier par terre. Ils sont remplis de riz, de cigarettes, de fleurs, et parfois même de nourriture avariée. Ce sont des offrandes balinaises appelées Segehan. Les Balinais, hindouistes, les offrent aux démons chaque matin. C’est pour cette raison qu’on y trouve de la nourriture avariée : les démons ne font aucune différence ! Ne vous inquiétez pas si vous marchez dessus ; c’est le fait de déposer l’offrande qui importe.

Canang Sari : les offrandes aux Dieux
Les « vraies » offrandes, de tailles très variées et hyper codifiées, s’appellent *Canang Sari*. Elles sont destinées aux Dieux qui vivent dans les montagnes. On les dépose toujours en hauteur : à l’entrée des temples, des maisons, des hôtels, etc. Ces offrandes comportent aussi de la nourriture sucrée (sucreries, fruits, gâteaux, etc.) en plus des autres éléments. Ces offrandes balinaises apaisent les esprits et apportent prospérité et bonne santé à la famille (au sens large). Il s’agit d’un rituel de remerciement : les Balinais offrent aux Dieux ce qu’ils reçoivent de leur part. Ce n’est pas un acte basé sur la peur d’être puni, mais plutôt un acte de gratitude envers la richesse de la vie (le soleil, la lune, les étoiles…). C’est une manière d’honorer le cosmos. Pour eux, c’est un devoir autant qu’un honneur.

Respecter les offrandes à Bali
Pour les Balinais, faire ces offrandes est un acte normal, logique, évident. C’est une manière de garder de bonnes relations avec les autres et les esprits. Un conseil important : ne marchez surtout pas dessus. Ne les touchez pas non plus. Évitez de les faire tomber volontairement si l’encens fume encore. La fumée est le « véhicule » des offrandes ; c’est ce qui permet de les envoyer aux esprits, car le cosmos est en relation avec ces offrandes.

Ce que j’aime le plus dans tout ça, c’est d’admirer les femmes faire leurs prières en déposant les offrandes. Leurs gestes sont lents et délicats, et leur incroyable faculté de concentration est impressionnante, malgré le boucan ambiant. Mais ça, je vous laisse le découvrir par vous-même une fois sur place !
Ressources supplémentaires
Bonus : un extrait du livre « Ma vie balinaise » de Sandrine Soimaud que je vous conseille vivement d’acheter chez Thierry au Rendez-vous doux à Ubud !
Avez-vous déjà été témoin de ces magnifiques offrandes à Bali ? Partagez vos impressions en commentaire !
[…] existe plusieurs types d’offrandes, celles dédiées aux Dieux et celles dédiées aux démons. Pour nous yeux d’européens, […]
C’est bien gentil et bien intentionné, mais erroné, ce texte sur les offrandes balinaises et les commentaires. Justement les segehan et tout ce qui est pour « en bas », pour les buta-kala, c’est le plus important, bien plus crucial et indispensable que ce qu’on offre « en haut ». Et ce qui est déposé en bas (ring dor), pour purifier en « endorcisant »/intégrant – le contraire de l’exorcisme qui chasse, notion occidentale — , ce n’est pas pour les démons! Les buta-kala sont les micro-composants de la matière, rien de plus matériel et de plus dénué d’esprit. Il n’y a pas de démons – sauf les ogres raksasa, image de la littérature d’abord indienne pour des initiés tantrika dits « de main gauche » , vraiment anthropophages par ascèse initiatique, mais aussi égoïstes. Pas non plus (en gros) de surnaturel, pas de mauvais esprits _ ça n’aurait aucun sens — , ni de « dieux » au sens (occidental) d’entité surnaturelle et douée de volonté, dans cette conception savante et rationnelle, tantrique (c’est là-dessus qu’il faut lire, mais pas sur internet). Conception savante, initiatique — autre raison pour que la majorité ne sache pas — qui demande non pas de la croyance, surtout pas, mais est démarche de connaissance. La dualité bien-mal n’a aucun sens dans ce contexte, et c’est encore une idée occidentale. « Démons », « dieux », « mauvais esprits » et même « offrandes », c’est une transcription occidentale décalée, et même contresens pour les « mauvais » esprits. Hélas les Balinais finissent par y croire eux-mêmes, à croire à ce que les Occidentaux croient et écrivent depuis tant de décennies en en restant aux apparences, et presque tous maintenant empruntent les notions et termes occidentaux (je compte les termes arabes de l’indonésien dans « l’Occident », c’est le même univers de croyance et de surnaturel, qui a lui aussi pénétré le langage actuel des Balinais). Lisez plus expert. Mais sur ces notions, à part moi-même, je ne vois pas qui (désolée, ça me gêne de dire ça), même des auteurs très sérieux continuent à mal traduire. En tout cas ce n’est pas tout à fait votre faute si vous vous trompez, tout est réuni pour tromper. Pour appréhender Bali, il faut beaucoup d’années en immersion totale, pas en ville ni en régions touristiques – pour moi ça fait déjà 32 ans. Et il faut en avoir été soi-même ré-initialisé et reformaté. J’utilise le vocabulaire informatique pas seulement comme métaphore. Désolée pour mon emportement, je n’en peux plus de voir les mêmes âneries européocentrées reproduites partout depuis si longtemps. Ce genre de vue a justifié la colonisation, les conversions religieuses, et maintenant l’impérialisme, alors ce n’est pas que pour « ma chapelle » que je me révolte.
Bonjour. J’aurais une petite question, pourquoi les baladais font – ils des offrandes aux démons? Merci
Les balinais ont une compréhension globale de l’Univers, c’est a dire qu’ils prennent en compte à la fois le positif et le negatif, le bien et le mal, etc. Donc (en gros) ils font des offrandes autant aux « hauts esprits » qu’aux « bas esprits » afin que ces derniers restent tranquilles et, comme ca, tout le monde est content 🙂
Ce ne sont pas des offrandes aux démons. Mais des sacrifices concernant les buta-kala et les attirant, les rassemblant pour les réarticuler dans le système, les réintégrer et ultimement unifier, donc pour purifier par « endorcisme » (mon néologisme, pour un processus inverse de l’exorcisme qui chasse et sépare). Les buta-kala, cela désigne les micro-composants de la matière qui constituent tout l’univers, dont les humains (et ils dominent sous la ceinture, donc sont associés aux passions d’ego… qui elles peuvent être comme « démoniaques »…). La matière arrive fatalement à décomposition, à désagrégation : ça c’est le monde inférieur Bhur, le niveau de réalité des buta-kala, qui tend au chaos et que Bali (bali/wali, retourner, renverser, reverser) a pour vocation de purifier, vocation de ralentir l’entropie naturelle qui va vers la désagrégation. L’entropie de l’énergie (sakti, dont les « déesses » déwi sont le symbole). En somme, on attire les buta-kala (et les convoque avec des mantra) par le sacrifice d’impuretés et au sol (impur lui-aussi évidemment), mais le sacrifice les rend tout simplement présents, il en est constitué, de buta-kala, car il est fait de matière décomposée : flore fanée, viande pourrie, alcool (fermentation), sang… Ce n’est pas du tout que les démons ne font pas la différence. Les « démons » raksasa, plutôt des ogres (en vrai) sont des initiés tantriques dits « de gauche » (main impure, rien à voir avec la politique) qui cultivent la science de la maîtrise des buta-kala, de l’énergie sakti dans cet état de décomposition, et donc recherchent la décomposition (au cimetière notamment). Ils sont réputés pouvoir répandre des épidémies chez les humains et dans les cultures, par exemple, avec les buta-kala (« matière-fraction ») comme « armée ». La même voie du tantrisme « de gauche » (pengiwa) si on annihile son ego, est réputée être la plus rapide pour mener au salut.
Les buta-kala sont le minuscule qui compose l’invisible à nos yeux (sans microscope), dont les virus (d’où les épidémies qui seraient déclenchées par les tantrika « de main gauche », celle qu’on utilise pour l’impur) et les bactéries, qui font le phénomène de décomposition et l’accélèrent, donc on dit aussi que ces adeptes sont capables de faire pourrir des offrandes instantanément, et de faire se décomposer les entrailles de quelqu’un, ce qui aurait été utilisé dans la guerre contre les Hollandais (je réfère à une thèse d’historien). Ce que j’ai vu du genre de mes yeux, et filmé, à plusieurs reprises, à Bali, est non pas « surnaturel », mais incompréhensible, extra-ordinaire, para-normal. J’espère que vous qu’on ne sort pas de la rationalité avec ce système de pensée et ce vocabulaire bien compris, même si c’est une science antique venue de l’Inde (et répartie dans tout le monde indianisé, même sans que les concernés en aient conscience).