Seuls l’art et la culture sont susceptibles d’empêcher les langues papoues de tomber dans l’oubli.
[YW]
JAYAPURA (Indonésie) – Qui parlera l’iniai, le faiwol, le moskona ou le wahgi en 2050? Probablement plus personne sur l’île de la Nouvelle-Guinée, principal réservoir linguistique de la planète, où les langues disparaissent dans une quasi indifférence. Lorsqu’il se rend dans un village, Yoseph Wally tend toujours l’oreille, curieux de comprendre dans quelle langue se parlent les habitants.
“C‘est de plus en plus souvent en indonésien. Seuls les plus âgés s’expriment encore dans la langue ou le dialecte local”, se désole l’anthropologue de l’université Cendrawasi de Jayapura. Il lui arrive même d’apprendre, dans tel village, que plus personne n’est capable de comprendre le sens de tel mot traditionnel. “Certaines langues ont disparu très rapidement, comme le muris, qui était encore parlé il y a une quinzaine d’années dans une région côtière”, témoigne-t-il.
Ce processus est irrémédiable à cause de l’extrême morcellement du paysage linguistique de la Nouvelle-Guinée, qui compte environ un millier de langues et dialectes, dont 800 en Papouasie Nouvelle Guinée (PNG) et plus de 200 en Papouasie indonésienne. La plupart des langues papoues sont parlées par moins de 1.000 locuteurs, souvent au sein d’un village ou groupe de hameaux. La plus utilisée est l’enga, avec quelque 200.000 locuteurs sur les hauts plateaux du centre de la PNG, suivie par le melpa ou le huli.
“A chaque fois qu’un habitant meurt, c’est un peu d’une langue qui disparaît car seuls les plus âgés l’utilisent encore”, souligne Nico, curateur du musée de l’université Cendrawasi. Car, “dans les villes mais aussi au fin fond de la forêt, l’indonésien est devenu la première langue chez les moins de 40 ans. La langue traditionnelle est réservée aux célébrations, aux fêtes communes”, témoigne Habel M. Suwae, le régent du district de Jayapura.
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