Les crémations collectives à Bali réunissent tout le bajar (village). Les boutiques ferment, les routes sont bloquées par la police et chacun revêt ses plus belles tenues. Les préparatifs ont lieu dès le matin et chacun patiente comme il peut (on mange, on discute…). Puis le char (famille riche) arrive…
Impressionnant, non ?
La religion hindouiste préfère la crémation à l’incinération. Le corps-matière doit en passer par le feu pour purifier l’âme éternelle rejoignant pour un temps l’autre monde. Evènement public et souvent collectif, la crémation réunit tous les villageois dans le lieu qu’ils appellent le cimetière. Pas de chagrin pour ne pas retenir les morts affectivement à Terre, des kulkul et autres musiques retentissent, des chars flamboyants défilent, des offrandes à n’en plus finir, les crémations sont l’occasion de grandes fêtes aux budgets impressionnants (entre 200 et 20000€ pour les plus pauvres aux classes moyennes – oui euros ! – et jusqu’à 500000€ pour une cérémonie princière).
A l’époque monacale, il n’y avait pas pire humiliation que d’être privé d’être brûlé sur les terres de son village. Aujourd’hui, on comprend mieux pourquoi les appareils photos, caméras et touristes sont les bienvenus, c’est une véritable fierté. De plus, les balinais pensent que l’âme sortit d’un corps se réincarnera dans celui d’un nouveau-né de la famille qu’elle ait été bonne ou mauvaise dans sa vie précédente (la plupart des hindouistes pensent quant à eux qu’une mauvaise vie induire à la réincarnation de l’âme en chien pouilleux, « tchitcha » ou cafard).
Sur le terrain, on a installé vaches et ferraille, bouteilles de gaz et matière à brûler.
Puis le corps est sorti du char et les hommes le font tourner 3 fois autour du bûcher, sans pleurs en public mais l’on devine au visage de cette femme que le départ du défunt lui a causé un long chagrin la nuit précédente. On l’installe ensuite sous la vache sacrée censée faciliter le trajet de l’âme jusqu’aux cieux et chacun s’installe aux premières loges pendant les prières du prêtre.
Ce jour là à Bangli (nord d’Ubud, Bali centre), 6 crémations avaient lieu en même temps (c’est le calendrier de la région qui définit les meilleures dates, aussi en fonction de la lune), c’est beaucoup. Ce qui est long ce sont les préparatifs, les rituels, etc. La crémation pure ne dure qu’un quinzaine de minutes.
Voir le corps se consumer comme ça, c’est assez étrange… mais l’ambiance est tellement festive qu’aucun malaise ne nous prend (pas d’attachement à la matière), on arrive à juste être content que le « voyage » se passe bien.
Voici les vidéos captées à Bangli lors de cette journée un peu spéciale pour mon esprit d’occidentale :
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