Vous vous êtes déjà demandé quelle est la signification amok ? Cette expression décrit un état d’énergie si puissante, une fureur telle que personne ne peut rien contre celui qui en est habité. Les Balinais peuvent faire preuve d’un instinct guerrier redoutable. Leur calme légendaire n’enlève rien à cette faculté qu’ils ont de se surpasser nerveusement. Il s’agit d’un phénomène culturel et psychologique fascinant à comprendre.
« Amok » : l’analyse de Stefan Zweig
Marianne, une fidèle lectrice et contributrice de Balisolo, partage avec nous les écrits percutants de Stefan Zweig. Il offre une description intense de ce phénomène :
« C’est plus que de l’ivresse… c’est de la folie, une sorte de rage humaine, littéralement parlant… une crise de monomanie meurtrière et insensée, à laquelle aucune intoxication alcoolique ne peut se comparer.
Moi-même, au cours de mon séjour là-bas, j’ai étudié quelques cas. Lorsqu’il s’agit des autres, nous sommes toujours perspicaces et très positifs. Cependant, je n’ai jamais pu découvrir l’effrayant secret de leur origine. La cause en est, sans doute, au climat, à cette atmosphère dense et étouffante qui oppresse les nerfs comme un orage, jusqu’à ce qu’ils finissent par éclater…
Donc, l’amok… oui, l’amok, voici ce que c’est :
Un Malais, n’importe quel brave homme plein de douceur, boit paisiblement son breuvage. Il est là, apathiquement assis, indifférent et sans énergie, tout comme j’étais assis dans ma chambre. Soudain, il bondit, saisit son poignard (un kris) et se précipite dans la rue. Il court tout droit devant lui, toujours devant lui, sans savoir où. Ce qui passe sur son chemin, homme ou animal, il l’abat avec son kris, et l’odeur du sang le rend plus violent. Tandis qu’il court, la bave lui vient aux lèvres, il hurle comme un possédé. Il court, il court toujours, sans rien voir de ce qu’il y a ni à sa droite ni à sa gauche, courant toujours en poussant son cri perçant et tenant à la main, dans cette course épouvantable, son kris ensanglanté. Les gens des villages savent qu’aucune puissance au monde ne peut arrêter celui qui est en proie à cette crise de folie sanguinaire. Quand ils le voient venir, ils vocifèrent, du plus loin qu’ils peuvent, le sinistre avertissement : « Amok! Amok! » et tout s’enfuit. Lui, sans entendre, poursuit sa course; il court sans rien voir et continue de tuer tout ce qu’il rencontre… jusqu’à ce qu’on l’abatte comme un chien enragé ou qu’il s’affaisse anéanti et tout écumant. »
Stefan ZWEIG
Comprendre le phénomène de l’amok
L’extrait de Stefan Zweig décrit de manière saisissante la signification amok, une fureur meurtrière qui s’empare parfois de certains individus. Ce phénomène, bien que souvent associé aux cultures malaises et indonésiennes, a intrigué de nombreux observateurs et psychologues à travers l’histoire. Zweig suggère que le climat et une atmosphère oppressante pourraient jouer un rôle dans son origine, provoquant une tension nerveuse insoutenable.
Il est fascinant de constater comment un individu, habituellement doux, peut être soudainement transformé par cette rage incontrôlable. Le « kris », le poignard traditionnel, devient alors l’instrument de cette folie. L’odeur du sang et les cris des victimes semblent alimenter encore davantage cette frénésie. Cette description souligne la rapidité et la violence de l’amok, laissant peu de chance à ceux qui se trouvent sur le chemin de la personne en crise.
Le terme « amok » est d’ailleurs entré dans le vocabulaire courant pour désigner un déchaînement violent et incontrôlé. Cette référence littéraire nous aide à mieux appréhender la profondeur culturelle de ce terme en Indonésie. C’est une facette sombre mais réelle des instincts humains, que Zweig a su dépeindre avec une force remarquable.
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